- Mali, avant le feu -
Le village de Saré Guida, dans la région de Mopti (Mali), se trouve au cœur de la zone rouge. Celle où se sont affrontées les milices islamistes et les forces gouvernementales maliennes, aidées par l’armée française. Deux ans après le début de la prétendue guerre-éclair contre le terrorisme au Mali, la tension est aujourd’hui à son comble à Saré Guida, bien qu’aucune information n’en sorte. C’est la guerre. Quelques années plus tôt, avant les offensives des milices armées, ce n’était pas tant les visées politico-militaires de quelques militants religieux qui menaçaient Saré Guida, mais plutôt le manque de moyens des autochtones pour vivre.
Avec 795 habitants, Saré Guida ne compte qu’un seul groupe électrogène, un puits, une mosquée et deux télévisions (une couleur et une noir et blanc). Il n’y a pas d’école. Ce village agricole n’a vu défiler ni les 4x4 des humanitaires, ni les candidats en campagne, ni les retombées de la croissance économique du Mali. La vie quotidienne est rythmée par les récoltes de riz, les appels du muezzin et les errances des enfants du village, livrés à eux-mêmes lorsqu’ils ne sont pas réquisitionnés pour les récoltes. L’école la plus proche est à quatre kilomètres. Chaque jour, l’exode scolaire des dizaines d’enfants de Saré Guida dessine les images ancestrales d’une terre africaine où, pour de l’eau, pour une éducation ou pour des soins médicaux, les habitants marchent plusieurs kilomètres au cœur de la brousse, sous le soleil ardent et les pluies saisonnières.
Cette série, réalisée quatre ans avant les affrontements militaires qui ont propulsé le Mali à la « une » des journaux, propose de donner à voir cette vie quotidienne ordinaire, peu spectaculaire, banale. C’est le quotidien des habitants de Saré Guida